Soumis par Olivier Scher le
La multiplication des projets éoliens et photovoltaïques dans le Sud de la France, en augmentation ces dernières années, a confronté les acteurs du PNAAB à la problématique de la prise en compte de l’Aigle de Bonelli dans le cadre de ces aménagements. Si à ce jour la mortalité directe par collision n’est avérée que pour un cas en Espagne, c’est plutôt l’impact sur les habitats de l’espèce qui sont concernés par ces projets. En effet, le caractère industriel de ces installations pousse les aménageurs à mettre en œuvre leurs projets dans des zones éloignées des habitations, portant ainsi de plus en plus atteinte à des ensembles écologiques jusque-là préservés ou modestement impactés par les activités anthropiques.
Ces deux types d’aménagement de l’espace occupent d’importantes superficies qui ont un impact direct sur la taille des domaines vitaux et donc des habitats disponibles pour l’espèce. Ceci entraîne des perturbations majeures dans la reproduction, une diminution de la ressource alimentaire et une modification des trajectoires de dispersion des jeunes. En France, l’étude en cours dans le département de l’Hérault a permis de démontrer un évitement des abords des éoliennes dans un rayon de 200 m autour des mâts et une hauteur de vol plus importante au-dessus des turbines. Les travaux conduits sur l’Aigle royal, une espèce proche, ont largement démontré l’impact négatif de ces aménagements sur un grand nombre de paramètres biologiques de ces oiseaux.
Pour l’Aigle de Bonelli, dont les effectifs français sont très faibles et la dynamique encore fragile, un tel risque est inacceptable et incompatible avec les efforts consentis pour améliorer la situation de l’espèce depuis plusieurs décennies que ce soit dans les rares zones d’erratisme identifiées ou dans les domaines vitaux occupés et vacants.
Le PNAAB se positionne donc clairement contre les installations de parcs éoliens et photovoltaïques à caractère industriel dans les domaines vitaux de l’Aigle de Bonelli et dans les zones d’erratisme de l’espèce (action 2.2 du PNA). Cette position ne concerne pas d’éventuels projets de petite taille inclus dans du tissu urbain ou sur des sites dégradés, sans attractivité réelle pour l’espèce. Le PNAAB rappelle par ailleurs qu’il s’appuie sur les stratégies ministérielles officielles qui recommandent un développement privilégié de ces énergies sur les zones bâties et artificialisées existantes. Ces éléments ont d'ailleurs été rappelés par le Ministre aux préfets concernés dans la lettre de mission du nouveau PNA en faveur de l'Aigle de Bonelli (2013) puis de nouveau en 2015 dans un courrier recadrant la prise en compte de l'espèce lors de l'instruction des dossiers concernant les énergies renouvelables.
La DDTM 34 a édité un guide très complet sur la politique d'aménagement photovoltaïque à destination des aménageurs et des élus. Il est consultable en suivant ce lien.